Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
29 mars 2010 1 29 /03 /mars /2010 19:04

Couverture L'enfant...

En disant ces mots, elle ouvrit sa cape et lui montra son ventre, manifestement celui d’une future maman.

Renaud eut un mouvement de surprise et même de gêne :

-           Est ce que cet enfant est celui de votre ravisseur ?

-           Non, il n’a pas osé me toucher à cause de ma farouche opposition. Je crois qu’il s’était même mis en tête de me séduire par ses qualités… peine perdue ! Non, cet enfant est de celui d’Yvan mon époux, et il a du être conçu quelques jours avant l’éclatement de notre famille….

-           Je vois, ajouta Renaud, et vous pensiez être veuve et sans protection lorsque vous avez voulu vous suicider !

-           Oui, c’est vrai. Je ne me suis rendue compte de mon état qu’après m’être enfuie du château, sinon, j’y serais peut-être restée, qui sais ?

-           Et pour quand est prévue la naissance ?

-           Je suis proche du terme, c’est une question d’heures ou de jour maintenant.

-           Alors, Madame, maintenant que tout le monde va être réuni, c’est un grand bonheur qui se prépare ! Nous allons nous mettre en quête d’un gîte et il n’y a pas de temps à prendre… Dire que j’aurais pu arriver trop tard !

Comme il l’avait annoncé, Renaud chercha un logement en ville, même modeste. Les auberges étaient pleines, et il ne trouva rien en location qui soit dans ses possibilités.

                        Dans la rue il croisa un groupe d’enfants qui jouaient, et cela lui donna une idée. Il avisa le plus grand et le débrouillard d’entre eux et, moyennant quelques pièces, parvint à les décider de travailler pour lui. Le gamin organisa des équipes, deux pour guetter l’arrivée d’un homme accompagné de deux enfants montés sur une jument grise ; la troisième équipe était chargée de prospecter un abri pour la future mère. Il se trouva que les premières douleurs surgirent alors que le garçon, appelé Paolo vint lui indiquer une masure abandonnée à la lisière de la ville. N’ayant nulle autre solution, ils se rendirent tous ensemble vers cette maison.. Parvenu à destination, Renaud fit la grimace. Ce n’était guère plus d’une ruine, dont l’état du toit laissait à désirer. Mais il fallait bien s’en contenter. Heureusement, la pièce principale était encore habitable, et elle comportait même un châlit dans un coin. On installa la femme en couche, tandis que les enfants se mettait en quête de linges propres, ainsi que d’une ou deux couvertures.  Nul se sut comment ils se les procurèrent, mais ils trouvèrent assez rapidement. Le gentil Paolo indiqua à Renaud qu’il avait prévenu sa tante, sage-femme  qualifiée. C’est ainsi que naquit sans trop de problèmes le petit Armando, du nom de son grand-père maternel.

 

                        Le lendemain, veille de Noël, la mère et l’enfant se portaient à merveille, malgré un environnement assez peu accueillant, mais ce n’étaient pas les admirateurs qui manquaient…

                        Sur le coup de midi, les jeunes sentinelles annoncèrent l’arrivée de l’équipage tant attendu. Selon les consignes, les enfants guidèrent celui-ci jusqu’à Claudia sans trop explications, en disant juste pour les rassurer que Renaud voulait leur parler.

Yvan et ses enfants entrèrent dans la maison, non sans appréhension, et leurs visages à tous les trois s’illuminèrent dès qu’ils aperçurent celle qui s’était installée là.

-           Maman ! Maman ! Enfin nous t’avons retrouvée ! S’écrièrent les enfants fous de joie en allant la couvrir de baisers.

-           Oh ma chérie ! Que c’est bon de te revoir ! Mais est-ce que tu vas bien ? Tu m’as l’air bien malade ! S’inquiéta Yvan en voyant la pâleur de sa femme.

-           Bonjour vous autres, fit Renaud en entrant derrière eux avec le nouveau-né dans les bras, votre épouse et votre mère va bien, elle vient seulement de mettre au monde un petit Jésus, enfin, un petit Armando… votre petit frère…

Bien entendu, cette nouvelle fit l’effet d’un coup de tonnerre, Mario et Sarah caressèrent l’enfant et l’embrassèrent avec tendresse. Tandis qu’Yvan, restant sur la défensive, interrogeait leur ami du regard, sans oser poser la question fatidique.

-           Oui, Yvan, c’est bien votre fils, et pas celui d’un soudard. Il semblerait que vous l’ayez mis en route juste avant votre départ. Il lui a fallu tout ce temps pour le fabriquer !

Le soir même c’était le soir de Noël, la jeune maman tint absolument à assister à la messe de minuit malgré son état. Personne n’eut le cœur de le lui refuser, Louison tira une charrette transportant la famille au grand complet pour assister à la célébration. Ils avaient tant de remerciements et de louanges à chanter pour leur Sainte Protectrice ! (Sans oublier Zélia leur aïeule, qui avait joué un rôle important dans l’affaire). Chemin faisant, ils proposèrent à Renaud de rester avec eux pour toujours, ce qui lui gonfla le cœur d’allégresse, il s’était tant attaché à ses enfants ! Il deviendrait même le parrain du petit Armando.

                        Pendant la messe se produisirent deux miracles inattendus. Le petit Mario retrouva peu à peu la vue et sans trop oser le crier sur les toits, il en fit part à ses parents en leur disant :

-           Voyez ce chandelier, là en face, regardez, il vient de se couvrir de roses !

Et en effet, tous comprirent en voyant ces prodiges qu’après le temps des épreuves, était enfin venu le temps de l’amour…

FIN 
Partager cet article
Repost0
12 mars 2010 5 12 /03 /mars /2010 09:48

Couverture L'enfant...

Novembre fut là bien vite avec ses journées de pluie interminables ; et c’est ainsi que le brave Renaud attrapa une mauvaise bronchite qui les obligea à faire halte plus longtemps que prévu. Heureusement, des religieuses qui s’occupaient d’un hospice pour les indigents les recueillirent. Enfin il finit par récupérer des forces, et le temps s’arrangea un peu, l’air était plus vif… La jument Louison portait maintenant deux jeunes sur son dos, ce qui ne semblait pas la déranger le moins du monde…

            Un soir, ils entrèrent dans une grosse bourgade à la tombée de la nuit, qui survenait bien tôt en cette saison, quand ils entendirent au loin le son d’une guitare. Et cet air, les enfants  le connaissaient  bien, il leur rappelait leur père qui le jouait si souvent autrefois… Ils cherchèrent dans les rues d’où il provenait jusqu’à l’enseigne d’une auberge.. Renaud attacha la jument tandis que, pressés d’en avoir le cœur net, le frère et la sœur entraient dans la salle. Là, un groupe de d’hommes était attablé, et devant la cheminée, assis, dos à la porte, jouait un homme vêtu d’une simple tunique blanche, les cheveux longs attachés dans le dos.

 -----------------------------------------------------------------------------

 Au courant d’air crée par l’ouverture de la porte, il se retourna et stupéfait il poussa un cri de joie.

-                     Par la grâce de Dieu, mes enfants !!!

-                     Papa, papa !!!

Lorsqu‘enfin Renaud entra à son tour, il découvrit un charmant tableau de famille, et resta à l’écart un instant. … Au bout de cinq minutes, il décida d’écourter les adieux, puisque Mario avait retrouvé une bonne partie de sa famille, il serait en sécurité désormais. Personne ne se rendit compte de son départ avant une bonne heure et lorsqu’ils s’en inquiétèrent, il avait déjà disparu, leur laissant Louison en cadeau. Mario fut contrarié d’avoir perdu son ami et ne pût comprendre ce qui l’avait poussé à agir ainsi. Mais s’il continuait toujours son chemin vers St Jacques ils devraient le retrouver… Maintenant  ils marchaient sur les traces de Claudia leur mère, la dernière pièce du puzzle à compléter.

                  Leur père passa le reste de la soirée à leur raconter comment il avait réussi à s’enfuir de Venise, un soir de brume en dérobant une petite barque amarrée tout près de la galère, s’étant débarrassé des fers qui l’emprisonnaient. Et puis, alors que désemparé il hésitait où diriger ses pas, Marie lui était apparue en songe et lui avait révélé où  retrouver les siens.  Il se montra très ému lui aussi de découvrir la cécité de son fils, mais au moins il était vivant !

                  Tandis que le trio se mettait en route pour St Jacques, Renaud de son côté les précédait légèrement ; il escomptait d’ailleurs accomplir ses devoirs de pèlerin assez vite afin de repartir sans les croiser.

                  Hélas d’autres épreuves les attendaient, Yvan allait être arrêté par les soldats du guet, soupçonné  de vol. Ils furent jetés tous les trois en prison quelques jours, le temps que le véritable voleur soit pris avec son butin.
         

 

---------------------------------------------------------------------------------

Entre temps, Renaud parvenait à destination de son pèlerinage. C’est alors que le destin lui joua un étrange tour. Une femme habillée comme une pauvresse, et l’esprit dérangé allait se jeter du haut d’un pont, alors qu’il passait à proximité. Il l’en empêcha, elle se débattit et entre temps, il capta les prénoms familiers de Mario et Sarah

-                     Je vous en prie Claudia, vous vous appelez bien Claudia n’est-ce pas ?

-                     Oui, oui, répondit-elle en le regardant avec perplexité, comment le savez-vous ? (Elle cessa de se débattre aussitôt)  Et puis qui êtes-vous donc ?

-                     Je suis un ami de la famille, mon nom est Renaud, écrivain public de mon état. Je peux vous certifier que vos deux enfants ainsi que Yvan votre mari sont toujours en vie, je les ai vu il y a quelques jours à peine, Ils se rendent à St Jacques pour vous y retrouver !

-                     Vraiment ! Vous dites bien la vérité ? Je n’y croyais plus !

-                     Eux aussi,  mais la route est longue pour venir jusqu’ici ! N’auriez-vous pas fait un songe étrange ?

-                     Oui, comment le savez-vous ? Mais je n’y ai cru …qu’un temps.

La pauvre femme, encore belle mais habillée de vêtements sombres et informes, ne payait pas de mine. Alors il réalisa que selon le récit colporteur la « dame du palais du vent » était habillée comme une princesse. Il demanda donc des éclaircissements :

-                     Nous avons eu de vos nouvelles par un marchand, et votre description ne correspond pas à celle qu’il nous avait faite.

-                     J’avais été vendue à un seigneur étranger qui m’avait offert les plus belles robes du monde, mais j’étais très malheureuse. Grâce à la complicité du jeune fils de cet homme, j’ai pu m’enfuir. Sur son ordre, un cavalier s’est lancé à ma poursuite, et il m’a fallu  trouver une manière de me dissimuler. On m’y a aidé en  me donnant de vieux vêtements … Et puis il y a aussi un élément nouveau qui m’a perturbé. Voyez !



(A SUIVRE...) 
Partager cet article
Repost0
7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 15:56

Couverture L'enfant...
Sa demeure était imposante, et à première vue, semblait employer nombre de domestiques. Ayant discuté longuement avec Renaud et se trouvant quelques affinités, il décida même de les faire dîner à sa propre table, ce qui était rare. Il leur permit de se laver un peu avant le repas, et lorsqu’ils rejoignirent la salle à manger, ils passèrent devant une pièce fermée d’où s’échappait le rire d’une jeune fille. Renaud n’en fit aucun cas, pendant qu’il s’agissait de l’enfant du couple, quand à Mario, il tendit l’oreille un moment avec attention…

-           Eh bien mon garçon, qu’est-ce qui t’arrive ?

-           J’ai cru un instant reconnaître la voix de ma sœur, je dois encore rêver sans doute…

-           Allons, viens, c’est très indiscret d’écouter ainsi aux portes !

-           Oui, il ne faudrait pas que l’on s’imagine…

 

Ils suivirent le couloir jusqu’au bout, comme on leur avait indiqué, et se retrouvèrent dans la cuisine, où une servante les accompagna jusqu’à une belle salle à manger rutilante de chandeliers. Le maître des lieux les attendait près de la cheminée où brûlait un bon feu. Il leur offrit un  siège près de l’âtre, et annonça qu’ils passeraient à table dès que son épouse arriverait.  Bientôt deux femmes, l’une très jeune, l’autre visiblement plus âgée le rejoignirent. Mario, bien qu’il ne puisse les voir, se sentit un peu intimidé…Aussitôt une voix connue s’écria joyeusement :

-           Mais c’est Mario ! Oh mon Dieu ! Oh Madame, c’est mon petit frère !

-           Comment est-ce possible ?!

L’homme, qui s’appelait Esteban expliqua à sa femme Lucia les circonstances de leur rencontre tandis que frère et sœur s’étreignaient tendrement.

-           Que fais-tu dans ce pays Mario, je te croyais même mort lors de l’attaque de notre roulotte !

-           Je sens, dit Esteban, que vous allez avoir des tas de choses à vous raconter vous deux, asseyez-vous donc côte à côte, vous pourrez discuter à loisir.

Comme Mario hésitait, n’ayant aucune connaissance des meubles de la pièce, Sarah compris que quelque chose n’allait pas chez son jeune frère.

-           Mais tu es donc devenu aveugle !

           

                        Ils ne firent guère honneur aux très bons plats qu’on leur proposa, tant ils avaient à dire. Mario lui relata tout depuis le jour maudit de leur séparation, tandis que Sarah lui contait la sinistre auberge où elle travaillait, contrainte et forcée, jusqu’à ce qu’elle réussisse son évasion une certaine nuit sans lune. Puis l’expérience de la faim et de tous les dangers sur les routes… Enfin sa rencontre avec Esteban qui l’avait sauvé d’un triste sort, assaillie par deux hommes. Il lui proposa de devenir la dame de compagnie de son épouse, atteinte d’une étrange maladie de langueur… Lorsqu’il en vint à parler des rêves où était intervenue Zélia, Mario sentit beaucoup de réticence dans la voix de sa sœur.

-           Alors, tu es persuadé que c’était bien elle qui communiquait avec nous depuis l’au de-là ? Moi je croyais que ce n’était qu’un rêve, et rien de plus. Et ce qu’elle disait à propos de Papa et Maman serait donc vrai ?

-           Oui, j’y crois ! Et puis, nous nous sommes miraculeusement retrouvés, alors je crois en notre destinée. Allons ensemble à St Jacques de Compostelle, je suis certain que nous allons bientôt être tous réunis ! Grâce à la protection conjuguée de la Vierge Marie, et de grand-mère Zélia.

Renaud le pèlerin et l’enfant restèrent quelques jours de plus chez Don Esteban et Dona Lucia, cette dernière ayant bien du mal à se séparer de Sarah. Pourtant, elle dut se résigner à départ. C’est alors que la jeune fille suggéra à sa « mère adoptive ».

-           Vous savez, il y a beaucoup d’enfants abandonnés traînant sur les chemins, qui auraient bien besoin d’un endroit où se réfugier. Vous devriez songer à créer un orphelinat, je trouve que vous auriez beaucoup à leur offrir, en plus d’un toit, je parle de tendresse. Vous n’avez pas pu avoir d’enfants, soit, mais vous pouvez toujours en adopter, et leur donner une chance de devenir autre chose que des mendiants ou des voleurs.

-           Merci ma petite de ce bon conseil ! Va et soit heureuse avec toute ta famille, et si c’est possible repassez me rendre visite… je vais y songer, oui… c’est une idée qui me plaît…

                        Ils repartirent donc gaiement vers St Jacques, le cœur plein d’espoir. 
(A suivre...) 
Partager cet article
Repost0
27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 11:23

Couverture L'enfant...
Au matin, il faisait grand jour, et il ne se réveillait toujours pas. Mario s’approcha de lui et tenta de le secouer.

-           Eh, Monsieur, lui dit-il, voulez-vous partager notre petit déjeuner ? Car nous allons devoir repartir…

-           Mon petit, ajouta Renaud en le regardant de plus près, il ne te répondra plus. Je crois qu’il a rejoint sa famille, là-haut, au paradis … Il a finit de souffrir…

Mario éprouva alors une grande peine, et pleura sur le sort de cet homme, qui n’avait guère connu le bonheur, et ne possédant pour seule compagne que cette jument grise.

                        Par sympathie, ils s’occupèrent de lui trouver une sépulture digne de lui, et il fallut payer quelques pièces d’argent pour cela. En dédommagement ils repartirent donc avec l’animal, qui regardait souvent en arrière si son maître ne suivait pas…

Mario se dit que quelque part, le chagrin d’avoir perdu Pompon avait du être pris en considération par sa protectrice, et qu’elle lui avait envoyé  Louison  à la place.

                        A partir de là, le voyage lui parut moins harassant, et pour cause, il montait sur le dos de la jument, déjà habituée à un fragile cavalier.

                        Quelques jours plus tard, ils rencontrèrent un colporteur, nommé Jehan qui tenta de leur vendre quelques babioles. Il était bavard à tel point qu’il fut difficile d’en placer une, mais il les distraya toute la soirée de ses histoires pittoresques. Jehan leur décrivait les us et coutumes des différentes régions qu’il avait traversées, et faisait le portrait de quelques personnages.

-           Dis-moi Jehan, dans tes voyages, tu n’aurais pas rencontré un homme surnommé « Yvan-tête de bois » par hasard ? Ou  « Sarah la sauterelle », c’est ma sœur aînée, ou même Claudia, surnommée la « magnifique »

-           Mais, si, attend voir… j’ai sympathisé avec un ancien marin qui portait cet étrange sobriquet « tête de bois » ! Je me souviens très bien de lui ! Il avait une belle cicatrice  en plein milieu du front.

-           Mais oui c’est bien mon papa ! Où étiez-vous à ce moment-là ?

-           Dans la bonne ville de Montpellier me semble-t-il ! Ou du moins dans cette région… Il n’a pas été très loquace, mais j’ai cru comprendre qu’il se rendait quelque part en pèlerinage…

-           Oh ! Tu entends cela Renaud, mon père est en route pour St Jacques ! Cela veut dire que Zélia, ma grand-mère a réussit à transmettre son message !

-           C’est vraiment une bonne nouvelle ! Merci Jehan, grâce à toi, nous avons retrouvé un peu d’espoir ! Et pour sa mère et sa sœur, tu ne sais rien ?

-           Ecoute, je ne l’ai pas rencontrée moi-même, mais, quelqu’un m’a raconté avoir défendu une femme d’une grande beauté, habillée comme une princesse, et qui était poursuivie par un cavalier. C’est ainsi qu’elle s’appelait je crois : Claudia… Elle a réussi à s’enfuir, d’après ce qu’on m’a dit.

-           C’est extraordinaire ! Tu redonnes la vie à ce jeune garçon, qui était séparé de toute sa famille. Si à tout hasard, puisque la providence semble se montrer favorable, tu croisais la route d’une dénommée « Sarah la sauterelle », ne manques pas de lui dire que nous nous retrouverons à St Jacques de Compostelle…

Après cette soirée riche en émotion, Mario ne put résister à l’appel du sommeil, qui le surprit plus tôt que d’habitude. Renaud et le colporteur continuèrent leurs bavardages une partie de la nuit, tandis que, bienheureux, l’enfant rêva à sa famille à nouveau réunie.

 

Au matin, il n’émergea bien après le départ de Jehan, dès l’aube. Son compagnon n’avait pas eu le courage de le réveiller si tôt…

Aussitôt qu’il ouvrit les yeux, l’enfant demanda à Renaud :

-           Je dois aller à l’église remercier la Vierge Marie, et aussi grand-mère Zélia pour tous leurs bienfaits !

-           Attend une minute, que je range notre campement. Et puis, il nous faut manger un morceau. Et ne soit pas si pressé car regarde, le clocher n’est pas loin !

En effet, il entendit les cloches sonner l’angélus, à défaut de voir l’église…

-           Excuses-moi, j’avais oublié que …

-           Ce n’est rien, va, je suis prêt à rester aveugle tout le reste de ma vie, pourvu que je retrouve les miens ! Répondit-il allègrement.

-           Dis-moi, mon garçon, je voulais te demander, pourquoi a-t-on donné ces étranges sobriquets à tes parents ?

-           Papa c’est « Yvan tête de bois » parce que son frère l’a blessé avec un couteau lors de l’entraînement quand il était plus jeune. Il s’était même planté sur son front !

                  Maman, c’est la « Magnifique » bien sûr à cause de sa grande beauté.

                  Et Sarah c’est  « la Sauterelle » c’est parce qu’elle n’arrêtait pas de faire des cabrioles dans tous les sens à l’époque !

-           Mais, et toi, est-ce que tu as aussi un surnom ?

-           Eh bien, jusque là j’étais surnommé « le rossignol » à cause de ma manie de jouer de la flûte…

                        Après leurs dévotions les plus chaleureuses, ils reprirent la route. Enfin ils franchirent les Pyrénées pour arriver bientôt en territoire Espagnol.

 

Ils faisait encore très chaud, l’air était sec, et la population, quoique habituée à voir passer beaucoup de pèlerins, se méfiait un peu. Sur les routes traînaient également de redoutables bandes de brigands, qui parfois employaient des enfants comme éclaireurs. Toutefois, lorsque les gens se rendaient compte de la cécité de Mario, ils se montraient généreux. Celui-ci parlait quelques mots d’espagnol, ce qui s’avéra bien utile.

                        Un soir, un homme richement vêtu ayant fait appel aux services de l’écrivain, leur proposa le gîte et le couvert pour la nuit. Monté sur un beau cheval bai, il les conduisit à la sortie de la ville où il avait une belle propriété. Il expliqua dans un français irréprochable qu’il était commerçant et voyageait beaucoup ; il avait vu tant de misère le long des routes, qu’il n’hésitait pas à secourir les braves gens dans le besoin. 
(A suivre...) 

Partager cet article
Repost0
20 février 2010 6 20 /02 /février /2010 22:13

Couverture L'enfant...  
Ils purent se reposer cette fois dans le lit d’une petite auberge. Le fait d’avoir évoqué sa sœur Sarah fit qu’il rêva d’elle la nuit suivante. Il sut ainsi qu’elle s’était retrouvée servante dans une auberge et qu’elle y était maltraitée. Il ne lui serait pas trop difficile de s’enfuir, toutefois elle n’avait pas la moindre idée de l’endroit où se trouvaient les siens.

-           Mario, Mario ! L’appela bientôt une voix familière et étrangement lointaine….

Le cœur battant, il reconnut bien cette fois la voix de sa grand-mère, et lui répondit.

-           Oui, je t’écoute, parle grand-mère

-           Tu m’as reconnue, mon petit Mario, oui c’est bien moi Zélia ton aïeule. J’ai réussi à te faire parvenir des nouvelles  des différents membres de ta famille. Tu connais maintenant le sort de chacun, à toi de trouver le moyen de vous réunir.

-           Oh c’est facile, grand-mère, il te suffira de souffler à tous qu’il faut se rendre à St Jacques de Compostelle. Ne peux-tu pas entrer dans leurs rêves comme tu l’as fait pour moi ?

-           Peut-être, mais ce ne sera pas facile, car ils n’ont pas  la capacité de médium que tu possèdes. Et mon pouvoir est très limité.

-           Merci Zélia pour tout ce que tu fais pour nous, merci de ta protection !

-           Ne me remercie pas moi, mais plutôt la Vierge Marie, qui s’est émue de votre destin. N’oublie pas d’aller la prier à chaque sanctuaire, à chaque église devant laquelle vous passerez, ton compagnon et toi.

-           C’est promis grand-mère, j’irai prier chaque jour…

-           Adieu, Mario, je ne puis rien faire d’autre pour toi ; maintenant je vais m’occuper de ton message auprès de tes parents et de ta sœur. Vivez heureux, tous réunis.

-           Adieu grand-mère, tu nous manques tellement… et merci…

                        L’enfant se réveilla cette fois complètement apaisé, et plein d’espoir de retrouver sa famille. Il eut beaucoup de mal à se retenir de tout raconter à son ami Renaud avant le jour. Bien entendu, il ne réussit pas à retrouver le sommeil tant il avait hâte de repartir. Au matin, il fut tout content d’aller exprimer sa reconnaissance auprès de sa protectrice.

 

                        Après leur visite à la chapelle, nos deux pèlerins reprirent la route, Mario le cœur joyeux,  et un peu plus mélancolique en ce qui concerne Renaud. Au fond de lui-même, il venait de réaliser qu’il avait secrètement espéré demeurer encore longtemps auprès de l’enfant, qui lui rappelait tellement son fils disparu. Mais fallait-il réellement croire en cette histoire de rêve prémonitoire ?  Rien ne prouvait que ce soit autre chose que l’effet du profond désir du jeune garçon. Enfin, ils verraient bien…

                        De temps en temps, les deux compagnons s’installaient sur la grande place d’une ville ou d’un village, et au son guilleret de la flûte, il se trouvait toujours quelqu’un parmi la populace pour avoir besoin d’envoyer une missive. Si le jeune Mario ne voyait pas ce qui l’entourait, il profitait des bruits et des parfums environnants, et suivait les conversations, qui parfois ne manquaient pas de sel. 

                        Certains soirs l’enfant était si fatigué par cette longue marche, qu’il avait grand peine à finir d’arriver à la prochaine étape, et ce n’était que parce qu’il pensait au but de ce voyage qu’il conservait tout son courage. Il n‘avait pas souvenir d’avoir marché aussi longtemps. Si sa famille vivait en nomade, c’était grâce à la jument Pompon qui tirait la roulotte… Ce soir là, il fut bien triste en pensant à elle, il ne se berçait pas d’illusions, ils ne retrouveraient sans doute jamais Pompon.

                        Au fur et à mesure qu’ils progressaient, il devint de plus en facile de trouver un endroit pour dormir la nuit, il suffisait d’un jardin ou de l’abri d’un mur, et à dire vrai, ils n’étaient pas les seuls à voyager dans ces conditions… Ils se firent des amis occasionnels avec qui ils cheminèrent plusieurs jours d’affilée, jusqu’à ce que leurs itinéraires bifurquent. Un soir, ils rencontrèrent un homme assez jeune, maigre et apparemment malade, monté sur une jument au caractère doux et patient. L’animal semblait comprendre que son maître, à bout de forces, se maintenait difficilement sur son dos.

-           Bonjour, mon ami, l’accueilla Renaud en l’aidant à descendre de sa monture. Tu m’as  l’air particulièrement fourbu… Viens donc t’asseoir auprès de notre feu.

-           Bonsoir, et soit remercié pour ton aide. Je suis fatigué, il est vrai, mais cela fait des semaines que je me traîne ainsi. Mon nom est Arthus, ancien soldat, et je souffre d’une blessure de guerre que nul n’a jamais pu soulager. 

-           Comme je te plains, mon brave, mais n’existe-t-il pas quelque foyer où l’on pourrait te soigner ?

-           Hélas non, la fille que j’aimais s’est mariée pendant ma longue absence, mes parents et mes frères sont morts de privations lors de la dernière disette, depuis je erre sans savoir où poser ma besace, avec ma brave Louison…

Ils échangèrent ainsi quelques confidences toute la soirée, se racontant leur destin à la fois si différent et si proche, et le pauvre Arthus s’endormit paisiblement, le ventre bien repu de la soupe que Renaud avait préparé, et bercé par la douce musique de la flûte à Mario… Il rêva bientôt d’une chaumière et d’une famille qui l’entourait avec tendresse.

(A SUIVRE...) 

Partager cet article
Repost0
18 février 2010 4 18 /02 /février /2010 10:14

 

Couverture L'enfant...
Ils passèrent la nuit dans un magnifique jardin grâce à un bourgeois sympathique désireux de s’attirer les bonnes grâces du ciel. Mario y fit un autre de ces rêves étranges empreints de réalité. Il vit sa mère Claudia vendue au marché aux esclaves, puis prisonnière dans un grand château ou elle s’étiolait tristement. Le seigneur des lieux l’avait enfermée dans une haute tour d’où elle désespérait de pouvoir s’échapper. La pauvre femme s’apitoyait sur son  sort, croyant que tous les siens avaient été tués. Parfois, elle chantait pour passer le temps ou se donner courage, et ce chant adoucissait l’âme du Seigneur étranger.

 

Mario cria dans son sommeil, si triste de voir sa mère dans cet état :

-                     Maman, maman !

-                     Mario, Mario ! l’appela une voix familière mais étrangement lointaine.

Renaud hélas le réveilla en douceur tandis que disparaissait dans une brume opaque le son de cette voix.

-                     Ah, c’est toi Renaud, dit-il déçu, j’ai vu ma mère bien vivante mais prisonnière dans une haute tour de château. Et lui expliqua tout ce qu’il avait rêvé dans les moindres détails.

-                     Et tu crois toujours que c’est la réalité, n’est-ce pas ? lui demanda son ami.

-                     Oui je suis sûr que c’est vraiment ce qui s’est passé. Pourrons-nous jamais être réunis un jour ? Il avait le cœur bien gros de ne pas en savoir assez pour aller la délivrer.

                   Dans la ville suivante, ils eurent quelques difficultés à trouver un logement, les auberges étant pleines. Heureusement ils purent se nourrir convenablement grâce à des offrandes.  Ils dormirent sous un pont sur un tapis d’herbes odorantes, bercés par le mouvement de l’eau. Est-ce ce clapotis qui lui inspira ce rêve ? Sans doute… Car il connut ainsi quel destin avait connu Yvan, son père ; il avait été vendu lui aussi pour devenir rameur sur une galère. Il lui serait difficile de déjouer la surveillance serrée dont il était l’objet. Mais quelques semaines plus tard la galère accosta les rivages de la lagune vénitienne…

 

----------------------------------------------------------------------------------------

Dessin-3-l-enfant.jpg
 -                     Mario, Mario ! L’appela doucement une voix  familière étrangement lointaine… mais ce n’était ni la voix de sa mère, ni celle de son père. Il aperçut une belle dame vêtue de bleu qui lui souriait avec bonté.

-                     Allons, allons, réveille toi Mario, le secoua Renaud, pensant bien faire.

-                     Non, non laisse moi dormir encore,  dans mon rêve, il y a quelqu’un qui cherche à me parler

-                     Alors, puisque tu le désires, rendormons-nous. Tu me raconteras demain….

Mais le lien fut coupé et il ne parvint pas à le renouer. Au matin, il lui révéla donc ce que lui avait enseigné son rêve, et l’origine de la voix mystérieuse qui chercher à entrer en contact avec lui.

-                     Tu vois Renaud, je pense que c’est Notre dame qui s’adresse à moi.

-                     Et comment est-ce possible, mon Dieu, s’étonna l’homme en se signant.

-                     Nous sommes une famille de bohémiens qui a toujours vénéré la vierge Marie. Je ne serais pas trop étonnée qu’elle nous veuille nous aider, surtout que Zélia, ma grand’mère l’a rejointe depuis quelques mois …

-                     Alors souhaitons que tu puisses retrouver la vue un jour, comme tu as retrouvé la mémoire. Je vais de ce pas à l’église prier pour l’accomplissement de ce vœu ; veux-tu m’accompagner ?

-                     Volontiers, Renaud, moi aussi je vais demander au Seigneur de m’aider à réunir ma famille….

---------------------------------------------------------------------------------------

 

Après la messe, Renaud un peu curieux chercha à s’informer sur la composition de sa famille.

-                     Dis-moi Mario, tu m’as parlé de ton père et de ta mère, mais n’as-tu pas de frères et sœurs ?

-                     Si, j’ai une grande sœur de seize ans, mais deux petits frères sont morts de maladie quand ils n’étaient encore que des bébés.

-                     Crois-tu que ta sœur soit toujours en vie ?

-                     Si je me fie à ce que j’ai appris en rêve, ils ont tous été vendus à des marchands d’esclaves étrangers. Si j’y ai échappé, c’est uniquement parce qu’ils me croyaient mourrant, avec tout ce sang sur le visage… sinon Dieu sait où je serais à cette heure-ci !

-                     Je n’aurais pas imaginé que tu fasses parti d’une famille de bohémiens, moi qui me méfiais d’eux !

-                     Habituellement nous vivons en tribu plus importante, mais mon père s’est querellé avec Tonio, le chef des Roms avec qui nous vivions. Il a préféré s’en aller pour vivre de son côté de petits spectacles itinérants. Je sais que notre peuple n’a pas bonne réputation, mais nous ne sommes pas des voleurs, sauf la bande à Tonio !

-                     Et que faisiez-vous comme spectacle, en dehors de la flûte ?

-                     Père est un habile lanceur de couteau. Mère jongle avec soit des balles, soit avec toutes sortes d’objets, des torches parfois. Sarah, ma sœur est équilibriste. En fait, nous sommes tous musiciens, mon père joue de la guitare, ma mère a une voix exceptionnelle, Sarah danse au son du tabourin,

-                     Une vraie troupe de baladins à vous quatre !

 (A suivre...)

Partager cet article
Repost0
15 février 2010 1 15 /02 /février /2010 19:58

Couverture-L-enfant--jpg  Image 1 l'enfant
Oyez, oyez, braves gens voici une histoire qui m’a été raconté par un ancien du peuple des Roms. Les évènements ont commencé quelque part en Bretagne, et se situent au Moyen-âge

 On est à la mi-journée,  un soleil printanier pénètre à pleins rayons à travers les carreaux de la chambre où dort l’enfant d’un sommeil agité…

L’enfant se réveilla doucement, encore tout meurtri, tant dans son corps que dans sa tête. Il ne se souvenait plus de rien, ni de qui il était, ni où il était : le vide absolu.

Il ouvrit les yeux, mais ne pouvant rien distinguer, le garçon imagina que ce devait être la nuit.

-           « Maman, appela-t-il avec appréhension. Y a-t-il quelqu’un ?

-           Oui mon petit, mais je ne sais pas où peut être ta mère. Tu n’y vois donc pas du tout ?

-           Alors ce n’est pas la nuit ? Questionna l’enfant avec inquiétude.

-           Non, il fait grand jour au contraire, et il est près de midi.

-           Qui êtes –vous donc ? Je ne reconnais pas votre voix.

-           En effet, nous ne nous connaissons pas encore. Mon nom est Renaud, écrivain public de son état, et pèlerin sur les chemins de St Jacques. Et toi, comment t’appelles-tu ?

-           Je ne me souviens plus, ma tête est désespérément vide de tout souvenir. Et j’ai mal partout.

-           Eh bien, ne cherche pas trop pour l’instant, je vais demander à l’aubergiste une écuelle de soupe et puis tu vas reprendre des forces. Demain tu iras sans doute mieux.

-           Nous sommes donc dans une auberge ? Que m’est-il arrivé ?

-           Je l’ignore, mais je t’ai trouvé près d’un calvaire à l’entrée du village. Tu étais sans connaissance et blessé à la tête. Ce qui explique probablement la douleur et l’amnésie. Allons, assez parlé, je reviens dans quelques minutes, et n’en profites pas pour te rendormir mon garçon ! »

L’après-midi suivant, l’enfant se réveilla et se rendormit à plusieurs reprises, juste le temps d’avaler une boisson chaude, une bouillie de maïs ou quelque autre potage. Renaud veillait à ses côtés, attentif au moindre de ses besoins.

Le lendemain matin le petit se souvint des dernières heures, toutefois rien de son passé n’affleura sa mémoire.

-           Renaud, vous êtes toujours là ?

-           Oui mon petit. Comment te sens-tu ce matin ?

-           Je me sens mieux, mes douleurs ont disparues, hélas je ne sais toujours pas qui je suis.

-           Bon, maintenant essaies de te lever, mais sans précipitation, viens !

L’enfant s’assoit et tente de se mettre sur ses jambes, mais il se sent faible tout–à-coup.

-           Doucement, on ne se relève pas si vite après une semaine entre la vie et la mort…

-           Comment ! Vous vous êtes occupé de moi pendant tout ce temps ?

-           En effet. Mais je te dois des explications : la raison pour laquelle je suis parti en pèlerinage est que j’ai perdu ma femme et un fils de ton âge dans une épidémie de peste, alors que j’étais en voyage. Je m’en veux terriblement de ne pas avoir été auprès d’eux, ils ont du se sentir abandonnés… Ce qui fait qu’en te soignant c’est un peu racheter mes fautes.

-           Oui, je comprends bien…mais…vous êtes trop bon.

Le pèlerin de Compostelle s’attarda encore deux jours de plus à l’auberge, et puis le troisième jour, il lui sembla que le petit garçon avait suffisamment récupéré, et qu’il était prêt. Lui-même n’en pouvait plus de rester confiné à l’intérieur, surtout après des semaines de marche continue depuis Paris. Le petit fut heureux de sentir le soleil sur sa peau et le vent dans ses cheveux. Il se sentit aussitôt ragaillardi. C’était le printemps, et il faisait bon.

L’enfant réfléchit de longues minutes, et une question semblait lui brûler les lèvres.

-           Maintenant, Renaud, permets que je te pose une question. Que vas-tu faire de moi, que vais-je devenir ?

-           J’y ai beaucoup réfléchi mon garçon, tu ne sais plus qui tu es, ni d’où tu viens, alors je t’adopte provisoirement, jusqu’à ce que tu le découvres. Tu vas m’accompagner sur les chemins de St Jacques. On y croise toutes sortes de gens qui viennent de toute la chrétienté. Avec un peu de chance, nous rencontrerons quelqu’un qui te reconnaîtra…

-           Oh, merci Renaud, je n’osais trop y croire ! Mais ne vais-je pas être un trop grand fardeau ? Qui voudrais d’un compagnon aveugle et amnésique ? Je ne sais même pas si je suis capable de faire quelque chose pour gagner ma vie.

-           Je suis écrivain public, tu sais. Je m’installe sur la place principale du village, et les clients viennent à moi. Paysans, bourgeois, et même les grands Seigneurs ont besoin un jour d’un secrétaire pour envoyer quelque message. Je suis toujours payé sur l’heure, en espèces ou bien en nature selon le cas, le gîte et le couvert. Tu seras mon assistant…

Ah, et puis j’oubliais, j’ai trouvé non loin de toi un balluchon avec quelques vêtements et quelque chose d’intéressant !

L’homme remit entre les mains du petit un objet long, dur et froid, qu’il ne reconnut pas aussitôt.

-           Un bâton, que veux-tu que j’en fasse ?

-           Non, non, c’est une flûte, est-ce que tu ne saurais pas en jouer par hasard ?

L’enfant mit ses doigts en position, et sans qu’il fasse le moindre effort, ils coururent tous seuls sur l’instrument…

Tout joyeux, ils prirent la route ensemble, Renaud, heureux de ne plus être seul, et l’enfant ayant l’impression d’avoir trouvé un indice sur son identité. Renaud lui avait fabriqué une sorte de canne qui lui servait à stabiliser sa marche, puis il finit par l’utiliser pour se diriger, surtout en ville. Son compagnon lui décrivait les lieux où ils passaient. Là une vallée verdoyante avec sa rivière, un village perché sur la colline, là un château…

Le soir il arrivèrent dans une ville où il y avait une abbaye, ils allèrent y demander asile afin d’y passer la nuit, tandis que résonnait l’office du soir.

La nuit s’avéra plus agitée que prévu pour l’enfant. En effet, il fit un horrible cauchemar.
 

Il se voyait assailli avec sa famille par une bande de brigands. Il entendait les hurlements de sa mère et de sa sœur, et voyait le feu qui prenait à leur roulotte… Les bandits en avaient après les animaux, désireux de s’emparer de leur cheval et de leurs quatre chèvres. Lorsque le feu s’étendit, sa mère prise de panique lui jeta son baluchon et lui cria de s’enfuir.

-           Mario, cache-toi dans les bois !

Il réussit à courir quelques mètres lorsqu’un des assaillants, muni d’une fronde, lui assena une pierre sur la tempe. Après il ne se souvenait plus de rien.

Dessin 2 l'enfant 

-           Mario, Mario l’appela une voix familière, étrangement lointaine.

Mais l’enfant se réveilla sans attendre, secoué par un Renaud très inquiet de cette agitation et ses gémissements.

-           Allons, allons, ce n’était qu’un mauvais rêve ! Ce n’est rien !

Mais rien ne pu consoler le petit qui sanglotait à fendre l’âme la plus endurcie. Lorsqu’il réussit à retrouver son calme, il put trouver les mots pour dire ce qu’il ressentait.

-           Non ce n’était pas vraiment un rêve. Je viens de revivre tout ce qui nous est arrivé, à ma famille et moi. Tu sais je m’appelle Mario…

-           Enchanté mon garçon, eh bien tu vois, on progresse !

Alors Mario lui raconta les évènements de son rêve, persuadé que c’était bien du vécu, et non pas un tour de son imagination. Mais qu’étaient donc devenus les différents membres de sa famille ? Etaient-ils morts dans l’incendie ou avaient-ils survécus ? Cette incertitude était tellement horrible qu’il se remit à pleurer jusqu’à ce que le sommeil le terrasse.

                        Au matin, ils quittèrent l’abbaye et se dirigèrent au centre de la ville pour tester leur collaboration auprès du public. C’était jour de marché et l’affluence ne tarda pas. L’enfant y gagna quelques pièces, ce genre de distractions étant apprécié à l’époque médiévale. Son compagnon écrivit un acte de vente, une lettre de commande destinée à un riche marchand, et une lettre d’amour dicté par un jeune homme de bonne famille aux manières arrogantes.

-           Eh ! Tu vois, çà commence bien non ? dit Renaud à son fils adoptif. Il fit tinter leurs quelques pièces gagnées sans trop de difficultés.

(A suivre...) 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de leshistoiresdekiki46.over-blog.com
  • : 3 romans écrits par l'auteur destinés à la jeunesse + dessin de couverture
  • Contact

Késako ? Qu'est-ce que c'est ?

Le présent blog est une extension d'un premier blog crée précédemment dont voici l'adresse :

"les-assos-de-kiki.over-blog.com", dont le contenu raconte ma vie associative et culturelle.

Celui-ci en revanche va me servir à éditer des histoires que j'avais concoctées il y a quelques années. Ce sont trois romans destinés à la jeunesse, qui paraitront au fil des semaines à venir, par épisode, à la manière d'un feuilleton.
Puis, suivra l'écriture d'un roman plutôt destiné aux adultes...mais accessible à tous.

Voici les divers titres disponibles actuellement. Cliquer là Pour en savoir plus sur l'auteur.

- Titre 1 "Les lunes de Sylvénia" (30 chapitres)
- Titre 2 "Le gouffre de l'Enfer" (20 chapitres)
- Titre 3 "L'enfant et le pèlerin de Compostelle" (10 pages)
- Titre 4 "La grotte de Cougnac (écriture en cours...)

Mes motivations ? Vous distraire surtout,
et pourquoi pas trouver un éditeur ? 

Précisions : il faut lire les chapitres en commençant par le bas de chaque page virtuelle.
On peut également sélectionner un seul ouvrage et en faire défiler les chapitres un à un depuis la partie inférieure jusque vers le haut.

Recherche

Liens